Grèves universitaires: Lorsque les gouvernants prennent l’avenir de la jeunesse en otage !
Dans certains pays africains, l’université n’est plus un lieu d’espoir. Elle représente un cauchemar pour bon nombre d’acteurs : étudiants, enseignants et pouvoir. Manque d’infrastructures, d’enseignants et les conditions de vie et de travail sont les moins reluisantes. Ainsi, des grèves à n’en point finir se succèdent les unes après les autres. L’incertitude et l’ombre de l’année blanche ne tardent pas souvent à planer sur bon nombre d’universités. Au Niger cela fait plus de mois mois que les enseignants n’ont pas perçu leur salaire. Conséquence : une grève annoncée à la veille de la rentrée académique. Idem pour les étudiants qui ont des arriérés de bourse et qui se mettent dans la danse. Quant à son voisin du Tchad, l’année blanche se confirme irréversiblement à l’université de N’Djamena.
Le Niger et le Tchad, deux pays aux mêmes paradoxes. L’uranium étouffe le sol du premier et l’or noir sort de la terre depuis 2003 pour le second. Mais les portes de leurs universités sont soient closes ou soient en train d’être fermées. En effet, au Niger, les enseignants totalisent plus de deux mois sans salaires. Pour se faire entendre, ils décident de battre le macadam. Et ce, pendant 48 heures. Si cette plateforme revendicative n’est pas respectée. Les jours à venir semblent plus que douteux. Les enseignants revendiquent entre autre l’intégration de leurs collègues en attente depuis 2014 à la fonction publique et l’équité et la justice dans le traitement de tous les enseignants.
Le malheur ne vient jamais seul, dit un dicton. Les étudiants, n’ayant pas reçu leur bourse de subsistance décident de se faire entendre en emboitant les pas de leurs éducateurs. La construction d’infrastructures suffisantes pour accueillir les étudiants est aussi au chapelet des revendications. En outre, ils dénoncent le fait que leurs enseignants sont plus intéressés par des nominations politiques que par l’enseignement.
A qui profite cette situation ? En effet, les revendications des enseignants et des étudiants sont loin d’être une demande de trop. Rien de plus normal. L’ouvrier mérite son salaire après un dur labeur. Ainsi, ces multiples grèves peuvent bel et bien être évitées. En tout état de cause, ce sont les étudiants privés des cours, qui sont les grands perdants et par ricochet toute la nation. On a coutume de dire que « tout est prioritaire » dans nos pays surtout subsahariens, mais jusqu’à preuve de contraire, l’enseignement doit l’être parce qu’il y va de l’avenir de la nation. Plus l’uranium sort du sous-sol plus l’avenir de la jeunesse est hypothétique !
Au bord du Chari, l’année blanche se confirme. Les enseignants de l’université de N’Djamena entament leur 7e mois d’arriérés de salaire et c’est depuis ce temps qu’ils ont déserté les amphis. Ils sont fermes sur leur décision : pas de salaire, pas de reprise de cours. Ils disent être également solidaires des maitres communautaires qui accusent plus de 20 mois sans salaire. L’avenir de l’éducation tchadienne est, sans risque de se tromper incertain. Pour sure, la reprise des cours n’est pas pour demain et nous avons pour preuve, l’échec de la rentrée académique prévue pour se tenir le 15 septembre 2016. Outre les salles de classe inondée par manque d’infrastructures adéquates, les parents d’élèves affirment n’avoir pas les moyens pour la rentrée en cour du fait qu’ils ont plus de trois mois d’arriérés de salaires.
La situation est volatile voire dramatique quand, par manque d’inspiration le gouvernement décide de supprimer la bourse des étudiants. Raisons avancées : « l’octroi de la bourse mensuelle de 30.000 FCFA par étudiant bénéficiaire n’a pas lieu d’être puisque les étudiants bénéficient des bus pour se rendre dans les facultés et ont aussi la restauration qui est prise en charge », a confié le professeur Mackay Hassan Taîsso, ministre tchadien de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’innovation. En rappelle la bourse annuelle s’élève à 8,2 milliards au profit de quelques 18 000 étudiants. Payer 8,2 milliards de bourse c’est trop élevé mais mobilisé 14 milliards pour l’investiture du président, c’est très peu. Et mieux, pendant de ce temps des milliers de barils de pétrole coulent à flot !
Masbé NDENGAR