Nouhou Arzika : « pour moi, le terrorisme c’est d’abord les fabricants d’armes »
La 1re édition du festival Ciné Droit Libre s’est déroulée à Niamey au Niger du 25 au 27 mai 2017. Le 27 mai à la maison de la presse de Niamey a eu lieu la projection du film « Boko Haram : les origines du mal » du réalisateur Xavier Muntz. La projection a été suivie d’un « dialogue démocratique » sur le thème : « face à la montée de l’extrémisme identitaire, quelles synergies des acteurs pour une éradication de la violence ». Ce panel a été animé par Nouhou Arzika, président du Mouvement pour la Promotion de la Citoyenneté Responsable (MPCR) et Maimou Wali experte en lutte contre l’extrémisme violent. Les panelistes ont passé en revue les facteurs qui peuvent pousser les jeunes ou certaines personnes à s’adonner à l’extrémisme violent. Ils n’ont pas omis de proposer quelques pistes de solutions pour éradiquer cette gangrène.
Selon le président du MPCR, l’un des panélistes qui a décortiqué le thème « face à la montée de l’extrémisme identitaire, quelles synergies des acteurs pour une éradication de la violence ? », il existe deux catégories de facteurs qui sont la cause de l’endoctrinement des jeunes. Il s’agit des facteurs poussant et ceux attirants. En outre, selon lui, il existe également plusieurs typologies des facteurs.
La politique, à en croire Nouhou Arzika, avec son corolaire de mal gouvernance, de corruption, d’impunité, d’exclusion, d’injustice, etc. favorise le radicalisme. Les problèmes sociaux ou la marginalisation sociale qui s’explique en termes de chômage et de conflits locaux sont des facteurs favorisant l’adhésion à des mouvements de terreur, a souligné Nouhou Azrika. Il a mis également en exergue les facteurs idéologiques ou religieux mais pour lui, le facteur économique est, on ne peut clair le plus important. Pour lui, la pauvreté, le chômage, le manque de revenu, l’hostilité et l’austérité de l’environnement au développement, etc. ouvrent la porte à toute offre.
Malgré les causes de l’extrémisme violent qui ont été énumérées par Nouhou Azrika, il estime que « rien ne vaut la paix, la tranquillité pour faire recours à la violence ». Pour lui « la justice sociale et la solidarité nationale » sont les antidotes de ce fléau. La lutte contre ce mal, selon le témoignage du président du MPCR passe également par la prise de conscience collective.
Bien connu du public nigérien pour son franc parlé, Nouhou Azrika, estime que les industries d’armement sont autant, sinon pire que les terroristes eux-mêmes. Morceau choisi : « entre celui qui fabrique l’arme et celui qui l’utilise, qui est plus terroriste ? » Il poursuit sa communication, toujours par des questionnements : « l’Afrique ne fabrique pas d’armes, alors d’où viennent les armes que Boko Haram utilise ? » Il ne passe par quatre chemin pour indexer, selon lui, les vrais et premiers responsables : « pour moi, le terrorisme c’est d’abord les fabricants d’armes ». Pour ce conférencier à la carrure de Laurent Bado du Burkina, il est du devoir de chacun de « plaider pour une humanité juste » et cela passe nécessairement, de son avis, par la sensibilisation.
Il invite les politiques à s’impliquer réellement dans la recherche de solutions au lieu de s’adonner à des querelles inutiles. Il titille la classe politique nigérienne : « les hommes politiques au Niger me font pitié. Au lieu de trouver des solutions aux problèmes de la population, ils se disputent pour des inutilités ».
Pour connaitre la motivation réelle de la jeunesse qui s’engage sur la voies de l’extrémisme violent, une étude scientifique sur la question est en cours, a expliqué Maimou Wali experte en lutte contre l’extrémisme violent. D’après elle, cette étude est nécessaire car elle permettra d’apporter la solution adéquate aux problèmes. Selon Mme Wali, il existe toujours des moyens pour ramener à la raison. Pour de nombreux intervenants, l’extrémisme violent trouve sa racine dans l’inégalité.
Masbé NDENGAR.