L’éducation, Internet et les Togolais
Une majorité de Togolais se trouvent aujourd’hui pris en étau entre les tentatives de préservation du tissu social par le gouvernement et les revendications légitimes de l’opposition. D’un côté comme de l’autre, chacun se rejette constamment la faute. De toute façon, nous n’avons pas Internet pour nous chamailler.
De l’importance d’une éducation de qualité
L’Unesco organise depuis le début de cette semaine, à Lomé, un colloque international sur les perspectives éducatives à l’horizon 2030. L’éducation est un droit auquel doivent pouvoir accéder tous les citoyens. C’est ce qui est prévu par les normes internationales. Cependant, il reste difficile d’accéder à un enseignement de qualité dans les pays en voie de développement à cause des frais de scolarité.
L’article 26 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH) dispose que : « Toute personne a droit à l’éducation. L’éducation doit être gratuite, au moins en ce qui concerne l’enseignement élémentaire et fondamental. L’enseignement élémentaire est obligatoire. L’enseignement technique et professionnel doit être généralisé ; l’accès aux études supérieures doit être ouvert en pleine égalité à tous en fonction de leur mérite. L’éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension, la tolérance et l’amitié entre toutes les nations et tous les groupes raciaux ou religieux, ainsi que le développement des activités des Nations Unies pour le maintien de la paix. Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants ».
La différence entre intelligence et éducation
Éduquer une personne, c’est lui transmettre un ensemble d’éléments, de facultés, de savoirs qui lui permettent de réagir face à différentes situations, dans diverses circonstances et à diverses informations. Elle s’approche de la connaissance générale sans s’y identifier et ne se confond pas non plus avec l’intelligence. Plus une personne est intelligente et plus son éducation se fait facilement et plus une personne est éduquée, plus son intelligence s’exprime avec aisance et dans divers domaines.
Par exemple, c’est la combinaison de l’intelligence et de l’éducation qui va permettre à une personne qui reçoit une information, quelle qu’elle soit, de ne pas l’ingurgiter de façon totalement passive, mais de l’analyser et de voir en quel sens elle est vraie ou fausse et dans quelle proportion on peut la prendre ou la laisser, l’accepter ou la rejeter. Sur ce plan, l’éducation et l’intelligence fonctionnent avec le vécu. Et plus l’éducation est mauvaise, orientée ou partielle, moins la capacité d’analyses est développée et plus l’individu est exposé à la manipulation. C’est pour cette raison que nous devons faire attention à ce que nous imposent les médias internationaux comme information.
Notre épanouissement personnel sur tous les plans exige que l’éducation ne se limite pas à l’instruction scolaire ou livresque dans un domaine donné. Elle doit aborder le plus largement possible les différents aspects de la vie. Musique, Religion, Art, Médecine, Droit, Économie…. Une partie de l’éducation se reçoit à la maison, une partie à l’école et une autre au sein de la société. La partie de l’éducation qui se reçoit à la maison et celle reçue en société et qui se fait le plus souvent par le biais des relations est l’un des volets les plus importants mais aussi les plus dangereux.
L’éducation peut niveler la société par le bas. Au contraire, l’éducation de qualité permet de se déterminer soi-même sans être tout le temps manipulé ou sans que l’on vous dicte ce que vous devez penser et ce que vous devez faire. C’est pour ainsi dire elle qui permet de bâtir des nations fortes et prospères.
De l’inutilité de l’information contrôlée
Dans les pays où l’information est contrôlée, les réactions des citoyens face aux informations s’en ressentent. Les gens ont tendance à ingurgiter tout ce qu’on leur dit sans grande réflexion. Dans certains de ces pays, la réaction du peuple face à la rétention de l’information, au matraquage médiatique et au lavage de cerveau par les médias est de développer un autre système d’information et de communication qui est la rumeur.
Le danger au niveau de l’éducation populaire dans ce cas, c’est justement de tomber dans l’excès contraire. Rejetant l’information officielle dont on croit qu’elle est nécessairement manipulée, les citoyens s’en remettent de façon tout aussi passive et même quelquefois idiote à la rumeur. Tout ce qui est information officielle ou passe par des canaux officiels est considérée comme fausse et toute rumeur dont on ne sait pas la plupart du temps d’où elle vient et comment elle est faite est immédiatement prise pour une vérité biblique.
Chacun reprend la rumeur à son compte et le véhicule en affirmant même avoir des éléments de preuve qui la justifient. La plupart du temps, ces éléments de preuve seront fabriqués par la personne qui veut communiquer la rumeur elle-même. Chacun ajoute à la rumeur d’origine sa propre part de rumeurs pour rendre cette information beaucoup plus crédibles et plus intéressantes, selon lui. Chacun des transmetteurs devient lui-même ainsi fabricateur de rumeurs.
L’information biaisée ne circule pas de la même manière lorsque la liberté de la presse et d’expression existent.
La situation est complètement différente dans les pays où la liberté de presse et d’expression existent et où l’information officielle ou transmise par les canaux officiels ou traditionnels est généralement fidèle à la réalité ou s’en rapproche toujours. L’éducation des personnes est telle que la rumeur dure parce qu’on l’analyse toujours avec beaucoup plus de hauteur. La manipulation y a des difficultés à prospérer parce que les citoyens sont outillés pour disséquer l’information.
Ils arrivent tôt ou tard à découvrir ses aspects exacts et inexacts, de manipulation ou non. Voilà ce qui explique la coupure générale et répétée d’Internet sur la terre de nos aïeux. La privation est volontaire parce qu’une forte propension à intoxiquer, à dramatiser et à exagérer s’installe dans les usages et habitudes sur les réseaux sociaux. Les messages haineux, les appels au meurtre et les propos liés aux ethnies commencent à prendre le dessus ? Est-ce que la censure générale était la solution ?
Lire la suite sur le blog de Guillaume DJONDO