8 mars en Guinée : Les femmes battent le macadam pour la reprise des cours dans les écoles
Cette année, la journée internationale des droits des femmes a été célébrée sous haute tension par les femmes guinéennes. En effet, c’est ce jour, qu’elles ont décidé de passer à la vitesse supérieure dans leurs revendications pour la reprise rapide des cours dans les écoles. Elles demandent au gouvernement de trouver les voies et moyens pour une sortie de crise dans le bras de fer qui l’oppose au syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée, qui, il faut le rappeler, a lancé un mot d’ordre de grève générale depuis le 12 février dernier.
La grève « générale et illimitée sur toute l’étendue du territoire national » déclenché le 12 février dernier par le Syndicat Libre des Enseignants et chercheurs de Guinée (SLECG) paralyse la société guinéenne. Les femmes n’ont pas voulu rester en marge et ont tenu à se faire entendre pour que leurs fils et filles puissent reprendre sereinement le chemin de l’école. Pour la symbolique, elles ont choisi le 08 mars, date de la commémoration de la journée internationale des droits des femmes, pour ce faire entendre. Toutes de rouges vêtues, elles ont pris d’assaut l’autoroute Fidèle Castro pour une marche pacifique pour exiger la réouverture des salles de classe.
Autre lieu, autre méthode. A l’esplanade du Palais des Peuples de Conakry, les femmes, mobilisées pour la commémoration officielle de cette journée internationale des droits des femmes, n’ont également pas manqué d’interpeller le président de la république Alpha Condé sur cette situation qui paralyse l’avenir de leurs enfants. Un mécontentement légitime qui a suscité la réaction d’Alpha Condé, venu à ce rassemblement des femmes, malgré qu’il a été dissuadé d’y participer, à l’en croire. « Ceux qui m’ont dit de ne pas venir, ils se trompent, moi je suis un homme du peuple. Je n’ai pas peur du peuple, je n’ai pas peur de la jeunesse, je n’ai pas peur des femmes », a-t-il affirmé.
Comme à ses habitudes, Alpha Condé a encore fait des promesses. Déviant de la préoccupation principale des femmes, qui demande la reprise dans les meilleurs délais des cours dans les écoles, le président a fait un discours à l’allure d’une campagne électorale et a profité régler ses comptes avec ses adversaires politiques, collaborateurs et partenaires sociaux. Il dit avoir dédié son pouvoir aux femmes et aux jeunes alors que ce sont justement eux les victimes de la crise du secteur de l’éducation. « En tant que président, ce n’est pas de gaieté de cœur que je vois les enfants rester à la maison sans pouvoir aller à l’école (…) Aujourd’hui, j’ai commencé à écouter ce que nous appelons la majorité silencieuse : Les femmes et les jeunes. J’ai dédié mon pouvoir aux femmes et aux jeunes (…) Je vais donc consacrer les prochains jours à écouter la majorité silencieuse (…) Après cela, je prendrai mes responsabilités. Cela veut dire que quand je vais finir d’écouter la majorité silencieuse, je vais faire un grand remaniement ministériel et mettre des ministres qui sont à l’écoute de la population, qui s’occupent de leurs programmes. », a-t-il martelé.
En attendant ces consultations de « la majorité silencieuse » et le remaniement ministériel, les enfants n’iront toujours pas à l’école. Les femmes de Guinée doivent donc maintenir la pression sur les autorités si elles veulent voir leurs enfants reprendre rapidement le chemin de l’école.
Ismaël COMPAORE