Donner son sang, « un acte patriotique » pour marquer les 5 ans du Balai Citoyen
Ce 25 août 2018, il est 10H54 dans la cour abritant le siège du Salon International de l’Artisanat de Ouagadougou (SIAO). Des bénévoles, d’âges et d’horizon divers, à tour de rôle, défilent sous une vaste paillote, où ils viennent donner leur sang, en cette période de paludisme qui rime avec la saison pluvieuse au Burkina Faso.
Ils viennent répondre à l’appel du mouvement « Le Balai Citoyen », qui a décidé de marquer son cinquième anniversaire par un don de sang : une coutume annuelle depuis son existence, en collaboration avec le Centre National de Transfusion Sanguine (CNTS).
« Nous sommes un mouvement citoyen et les problèmes de sang touchent les masses populaires. Comme chaque année nous avons décidé d’organiser ce don de sang bénévole. On essaie d’être utile pas seulement à travers les discours politiques, les marches et autres. Mais on se montre également disponible sur les questions sociales », explique Smockey, porte-parole du Balai Citoyen.
Au Burkina Faso, pays sahélien d’Afrique de l’Ouest, le système sanitaire reste encore peu développé et la population demeure confrontée aux maladies tropicales. En 2017, le pays a connu 11.915.816 cas de paludisme, se positionnant 8e pays africain le plus touché par cette maladie, selon un rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Les cas de décès sont le plus souvent dus à l’anémie : « à l’heure actuelle, nous sommes dans une période palustre. Qui dit paludisme dit en même temps anémie. Qui dit anémie dit besoin de sang. Et ce geste du Balai Citoyen va permettre de sauver beaucoup de vie », se félicite Jacques Sawadogo, médecin au CNTS, qui salue « une mobilisation de taille » au regard de leurs prévisions.
Sur un brancard devant lui, Soumaïla Konaté, élève stagiaire en Attaché d’éducation, tout décontracté, donne son sang. « Tout le monde y compris moi peut avoir besoin du sang. Soit pendant une maladie. Soit après un accident (…). Donc je n’ai pas hésité à venir donner mon sang. Et les jeunes ne doivent pas avoir peur d’en faire autant, surtout pour sauver des vies ».
Parmi les bénévoles, d’autres personnes, inaptes à donner leur sang, disent être venues marquer par leur présence, un soutien au Balai Citoyen.
Aminata Ouédraogo, la trentaine et arborant un t-shirt à l’effigie de l’ex-président charismatique Thomas Sankara (1983-1987), est présente en vue de « soutenir l’activité et les organisateurs », même si elle ne pourra pas donner son sang : « j’ai fait un don au début du mois » alors qu’il faut au moins trois mois entre chaque don.
Le Balai Citoyen est né officiellement en 2013. « Pour nous, les questions de santé sont fondamentales. Le mois d’août est malheureusement propice au paludisme et le sang devient alors très important car il est difficile d’en trouver. C’est vrai qu’il faut aussi de la mobilisation car beaucoup de gens demeurent réticents », décrit Smockey.
L’opération se poursuivra jusqu’à 14H00. « Donner son sang est un acte patriotique (…). Il ne faut pas attendre que ce soit toujours les autres qui le fassent. Chacun doit pouvoir avoir apporter sa pierre à l’édifice », conclut-il.
Hassimi Zouré