Ciné Droit Libre 2019 : Grande sensation pour le film « le loup d’or de Balolé » à l’Institut Français
11 décembre 2019, date anniversaire des 59 ans d’Indépendance du Burkina Faso. C’est aussi à cette date qu’est projeté le film lauréat Étalon d’or au Fespaco 2019. Pour cette projection dans la salle du petit Méliès de l’Institut français, les cinéphiles n’étaient avares en appréciation.
Il est 18h35 lorsque débute la 1re projection à l’affiche en ce jour. Le début est accrocheur, des cinéphiles réajustent leurs sièges. Chloé BORO a, cinq minutes auparavant, annoncé les couleurs de la production.
Le loup d’or de Balolé raconte l’aventure, deux années durant, des jeunes hommes, femmes et enfants travaillant dans une carrière de granite. L’on s’aperçoit dès les premiers instants, des difficiles conditions de travail des “citoyens”. Citoyen, c’est le mot utilisé par ce jeune de 30 ans dans le film. Il explique qu’eux sont sortis en nombre en 2014 et ont aidé réellement à chasser Blaise Compaoré du pouvoir, car celui-ci les considérait comme des personnes non intelligentes et incapables de cerner les enjeux du moment. Alors que, insiste- t-il, ” nous sommes devenus des citoyens “.
Cela fait 26 ans que je travaille ici
Un des travailleurs de la carrière de Balolé, celui qui fait la narration dans le film, explique que c’est parce qu’il est digne qu’il ne vire pas dans autre chose. “Je travaille ici depuis 26 ans. J’ai le dos en compote…Je ne peux même pas satisfaire une femme…Mais si je suis ici depuis, ce n’est pas par bêtise, mais parce que je refuse de mendier.”
Balolé inexistant sur le papier ?
Pour ce dernier, Simon Compaoré, l’ex maire de la ville de Ouagadougou, est en partie responsable de leur situation, car nulle part, le site n’est répertorié. En tout cas il assure que leur existence et leurs conditions dans la carrière de Balolé ne sont pas connues, pas assumées par les autorités.
Les jumeaux de Balolé
Issa et son frère sont des jumeaux et travaillent ici, avec leur maman. Ils sont élèves et résidents dans les quartiers non-lotis devant Ouaga 2000. Souvent je rêve d’être un footballeur et d’avoir des congés. Mais lorsque nos pensées se dissipent, nous revenons à la réalité et cassons nos pierres. Nous habitons devant Ouaga2000 et nous voyons des jolies maisons. Mais je me dis qu’un jour nous serons ceux qui habitent et possèdent ces maisons plutôt que d’être des admirateurs “.
10 mois de pré-montage pour Chloé BORO
“J’ai fait 10 mois de pré-montage, les bruits des pierres m’ont assez abrutie à un moment donné. C’est un peu ce qui a fait qu’à un moment j’ai mis beaucoup plus de musique, de Ali Farka Touré qu’un de ces ayant-droits m’a gracieusement cédé” a expliqué la réalisatrice.
Des retombées importantes
Le film, selon les dires de Mme BORO, a beaucoup traversé les frontières, notamment après le Fespaco. Elle avoue faire en moyennes 4 pays par mois grâce à ce film.Dès la première projection à Paris, “Le loup d’or de Balolé” a obtenu la promesse de la construction d’une voie féérique au sein de la carrière, qui permettra d’aider les travailleurs à remonter le granite. Elle a tenu à remercier les promoteurs du festival en ces termes: “Je remercie Gideon et A. Diallo pour leur soutien. Leur regard professionnel et critique m’a vraiment impacté…Nous avons aussi eu l’autorisation de diffuser le film dans la carrière de Balolé”
Aristide Ouangré