“Liberté de la presse: Le Burkina Faso classé 1er en Afrique francophone mais…”
Le 3 mai de chaque année consacre la Journée Mondiale de la Liberté de la Presse. Cette année, à Ouagadougou, le Centre de Presse Norbert Zongo (CNP-NZ) a organisé une conférence qui a réuni les hommes et femmes de médias, les patrons de presse et les partenaires et associés.
Cette année, l’UNESCO a placé la célébration du 3 mai 2021 sous le thème: “L’information comme bien public”. Il s’agit en substance d’affirmer l’importance de défendre l’information comme un bien public, en explorant ce qui peut être fait dans la production, la distribution et la reception de contenu. C’est pourquoi au Burkina Faso, le thème retenu est ” La viabilité de l’entreprise de presse”. Selon Inoussa OUEDRAOGO, Président du Comité de Pilotage du CNP-NZ, le choix du thème exprime le souhait de voir l’ensemble de la communauté politique, économique et médiatique consentir des efforts au profit de l’entreprise de presse.
Le Burkina Faso, avance…mais recule
Un des points focaux de cette journée de célébration de la presse a été le rapport 2020 sur l’état de liberté de la presse au Burkina. Relativement au classement mondial de Reporter Sans Frontières qui a paru en avril 2021, le Burkina Faso reste 37e sur l’échelle mondiale et 1er en Afrique francophone. Cependant, sur le plan local, la liberté de la presse connaît un recul constant depuis 2018. En effet, les indicateurs nationaux indiquent que pour diverses raisons (covid 19, crise sécuritaire, etc.), la liberté de la presse a légèrement reculé avec un score de 2,41 sur 4 contre 2,5 sur 4 l’année dernière. C’est donc une avancée qu’il convient de relativiser.
Un plaidoyer pour des états généraux de la presse?
Des échanges qui se sont déroulés autour du pannel sur ” La viabilité des entreprises de presse”, des recommandations ont été faites. Pour Boureima SALOUKA, il ne faut pas toujours accuser l’État de ce que traversent les entreprises de presse comme difficultés mais plutôt s’interroger sur la formule que doivent adopter les médias tant le numérique est devenu un volet essentiel à intégrer dans le modèle économique des entreprises de presse.
Pour Hyacinthe SANOU, il ne faut pas s’attendre à ce que l’éventuelle rencontre entre les médias et le Président du Faso accouche d’un joli bébé. ” Tous les problèmes que nous relevons ici, les services de la Presidence le savent déjà dont la convention collective de 2009 régissant le secteur des médias à laquelle certains d’entre eux sont signataires.” a t-il ajouté.
De la précarité des journalistes dans les entreprises de presse
Réviser la loi pénale, mettre en application la convention collective, réaliser des études d’audience sur la presse écrite, la presse en ligne, afin de trouver des solutions pérennes pour les médias, sont entre autres les suggestions qui ont été faites. Ont été relevés aussi les cas des journalistes dans leur majorité qui sont mal payés avec des conditions de travail pas toujours règlementaires, l’imposition fiscale à laquelle font face les patrons de presse, la dépendance à la commande publique, etc.
Le prix Marie-Soleil Frère
Une des innovations apportées à la commémoration est la nouvelle dénomination du prix de la meilleure journaliste qui devient ” prix Marie Soleil Frère” en hommage à la dame du même nom qui a été “l’une des très grandes combattantes pour le Centre de Presse Norbert Zongo”, a confié Abdoulaye DIALLO du CNP-NZ. Ses anciens collaborateurs et amis ont été invités à lui laisser un mot d’adieu.
Aristide OUANGRE