Festival Ciné Droit Libre 2018 : La Justice à la barre !
« Tous les burkinabè naissent libres et égaux en droits », dixit l’article 1 de la Constitution burkinabè. Cette liberté et égalité dont une partie doit être garantie, à priori, par la justice, sont en souffrance sous nos cieux.
La justice peine à être juste, droit, indépendante et au service des masses laborieuses. Elle a montré ses limites à garantir les droits des citoyens. Qu’est ce qui n’a pas marché ? Pourquoi cette justice bourgeoise, calquée sur le modèle français, peine à satisfaire ceux et celles qu’elle est censée servir, bien que ses premiers acteurs soient aujourd’hui parmi les fonctionnaires les mieux payés du pays ?
A cette 14e édition du festival international de films sur les droits humains et la liberté d’expression Ciné Droit Libre, ironie du sort, c’est la justice qui est appelée à la barre. Les hordes de victimes, doublement suppliciées par une parodie de justice et / ou par une si longue attente sont à l’honneur. Le pays des Hommes intègres a décidé de juger sa Justice. Sans complaisance, si elle est reconnue coupable, elle sera condamnée devant le tribunal de l’histoire par ceux et celles qu’elle a brimé depuis des lustres. Des pièces à conviction existent. Les plus emblématiques sont sans doute les dossiers Thomas Sankara et Norbert Zongo, respectivement 31 ans et 20 ans d’impunité. L’instruction du dossier Justice est donc en cours et le procès proprement dit aura lieu du 08 au 15 décembre 2018 en simultanée de jour comme de nuit dans 10 espaces de la ville de Ouagadougou. Il s’agit de l’espace Gambidi, l’université de Ouagadougou, l’Université Saint Thomas D’Aquin, l’institut Goethe, le CENASA, les non-lotis de Sondgo et de Palsgo, la Maison d’Arrêt et de Correction de Ouagadougou et le terrain de la mairie de Bogodogo, érigé pour l’occasion, en village du festival.
Aucun report de ce procès ne sera toléré. Les juges, le parquet, les avocats de la défense et de la partie civile, les greffiers, travailleront sans relâche pour que le verdict tombe au soir du 15 décembre 2018. Le peuple, en qualité de victime pour certains et témoins pour d’autres, restera également mobilisé et en alerte pour le triomphe de la vérité.
Et ce n’est pas tout. La justice a fait ses états généraux en 2015. Si aujourd’hui elle est à la barre du peuple, on peut conclure sans appel qu’elle n’a pas été à la hauteur des attentes. C’est maintenant au tour des justiciables, à travers deux dialogues démocratiques, de faire les états généraux de la justice et d’en tirer toutes les conséquences.
Quelles Justices pour le Burkina Faso ? Justice traditionnelle, transitionnelle, d’exception ou bourgeoise ? C’est sur ces thématiques que vont se mener les échanges. Tous les procès-verbaux d’audience seront lus au village du festival par des artistes de renom comme Youssoupha de la France, Adama Dahico de la Côte d’Ivoire, Zougnazagamda, Dicko fils, Ismo Vitalo … du Burkina Faso.
Ce procès historique de la Justice se tiendra dans 10 espaces populaires et non pas dans une salle de banquet, non accessible au peuple. Aussi, il se déroulera en direct dans la presse et sur les réseaux sociaux sans « mouta mouta » aucun. Claudy Siar à travers son Atelier Génération Consciente sera également de la partie pour éventuellement décerner le mandat de dépôt à l’encontre du coupable.
Vive le Cinéma engagé ! Vive les droits humains et la liberté d’expression ! Vive les victimes et oubliés de la justice ! A bas l’injustice et l’impunité ! A bas les juges acquis ! A bas la justice aux ordres ! En avant pour la justice sociale ! Bon festival à toutes et à tous.
Le Comité d’Organisation.