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- Burkina : « Sous Sankara l’effectif de l’armée a été réduit pour réaffecter les ressources dans des projets de développement en faveur du peuple (Col. Pierre Ouedraogo) »
Ce 13 octobre 2018 s’est tenu à l’amphi A 600 de l’université de Ouagadougou, un panel sur le thème : « Politique sécuritaire sous le CNR, quels enseignements pour la situation sécuritaire actuelle au Burkina et en Afrique de l’Ouest ». Porté par le mouvement le Balai Citoyen et le Comité International Mémorial Thomas Sankara (CIM-TS), cette activité a réuni d’imminentes personnalités du dispositif sécuritaire sous le Conseil National de la Révolution (CNR). Il s’agit du colonel Pierre Ouedragogo – Pierre CDR -, secrétaire National des Comité de Défense de la Révolution (CDR), du colonel Ousseini COMPAORE, commandant de la Gendarmerie Nationale sous le CNR et du colonel Bernard Sanou, chef de corps et directeur du Génie Militaire sous le CNR. Des invités surprises comme le colonel Daouda Traoré, directeur du Service National Populaire (SNP) et bien d’autres acteurs clés du CNR était également présents et ont tenu à partager leurs expériences de cette période historique de l’histoire politique du Burkina Faso avec les plus jeunes. La modération était assurée par Anselme Kama, doctorant en histoire politique et spécialiste du CNR.
« Le mode de vie révolutionnaire doit tout simplement servir à la jeunesse. Ce sont des officiers qui ont occupé de très haut postes de responsabilité dans ce pays […] mais dans leur retraite, ce qui inspire, c’est la dignité de leur vie. Et, je pense que ce qui peut faire avancer notre pays, c’est cette dignité qu’il faut apprendre aux côtés des plus anciens […] sur ce, chers camarades, je vous dis, apprenez à côté d’eux car comme on dit, les vrais hommes du progrès c’est ceux qui ont pour point de départ un profond respect pour le passé ». C’est par ces mots que le porte-parole du Balai Citoyen, Me Guy Hervé Kam, a ouvert les échanges de ce grand panel sur la sécurité sous le CNR. D’entrée de jeu, le colonel Barnard Sanou a tenu a donné le ton des échanges en précisant que la révolution d’aout n’est comparable à aucun autre. Elle n’avait également pas pour ambition de s’imposer aux autres, mais laissait libre court à ceux qui pensent qu’elles pouvaient les servir d’exemple à venir prendre ce qu’ils veulent ; comme le précisait Sankara.
C’est aussi l’esprit de ce panel, à en croire les organisateurs, qui veulent, tout en commémorant les 31 ans de l’assassinat du capitaine Thomas Sankara, proposer des idées originales issues de la révolution, qui pourront contribuer à juguler la crise sécuritaire que connait le pays actuellement.
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La révolution incarnait le changement et surtout une transformation des mentalités. Elle était portée par le peuple qui avait également ses moyens propres pour se défendre grâce à la libération de son génie, selon le colonel. C’est ainsi que naquit les CDR pour défendre la révolution de tous ses ennemis intérieurs et extérieurs avec les moyens humains et matériel dont le pays disposait. Chaque burkinabè était prêt à mourir pour défendre le pays. Aujourd’hui, la donne a changé. Mais, précise-t-il : « nous ne sommes pas là pour faire une comparaison entre le système sécuritaire que nous avons mis en place (sous le CNR) et ce qui se passe en ce moment […] Aujourd’hui, nous avons un ennemi que tout le monde appelle terroriste, fou de Dieu etc. au moins, l’ennemi est connu. Comment l’identifier, comment le reconnaitre et comment le combattre », est l’équation à résoudre.
Les CDR, avant-garde contre les ennemis intérieurs et extérieurs du Burkina Faso
« Un militaire est un civil en mission et un civil est un militaire en permission », disait Thomas Sankara. C’est à partir de ce principe que découlait la philosophie sécuritaire du CNR, selon Pierre Ouedraogo, patron des CDR qui se réjouit de l’occasion qui lui est donné à travers ce panel de s’adresser pour la première fois à la jeunesse burkinabè depuis l’assassinat de Thomas Sankara.
Le concept de la « guerre populaire généralisée » sous le CNR provenait également de ce principe et au niveau du secrétariat national des CDR, il y avait même un commissaire chargé de la guerre populaire. Le Burkina n’avait pas l’ambition d’agresser aucun peuple et les moyens dont disposait le CNR servait principalement à défendre le pays contre les agressions des autres. Les CDR étaient de ses défenseurs du peuple. Leurs actions sur le plan sécuritaire se matérialisaient par la fourniture de renseignement, mais aussi par des descentes sur des terrains d’opération, en arme aux côté des militaires, pour défendre la patrie comme pendant la guerre contre le Mali. Sous le CNR, la taille de l’armée burkinabè à d’ailleurs été réduit selon Pierre Ouedraogo. Par cette action, Thomas Sankara voulait dégager plus de moyens pour pouvoir investir dans des projets de développement en faveur du peuple étant donné que le peuple s’était engagé aux côtés du CNR pour défendre le territoire. Avec le peuple, « nous avions les moyens de faire face aux différents défis qui pouvaient se présenter », explique ‘’Pierre CDR’’. Même à l’université et dans les ministères il y avait des bataillons de civils militairement formé qui étaient engagés à défendre la patrie. Il était quasi impossible de faire quelque chose dans les 8000 villages du Burkina sans être démasqué. Ceci grâce à la force du peuple et son implication dans le renseignement. Ce sont « les masses populaires qui ont mis en place ce système qui ne coutait rien dans le budget de l’Etat », explique-t-il.
Pour faire le parallèle entre les initiatives locales de sécurité comme les dozos et les Koglweogo et ce qui se passait sous le CNR avec les CDR en terme de renseignement, Pierre Ouedraogo estime que ces groupes ont leurs rôles à jouer dans le dispositif sécuritaire actuel. Il estime que les Koglweogo sont un mouvement à encourager et à encadrer. Pour lui, pourquoi ne pas créer par exemple une académie de Koglweogo à l’image de l’académie de Police qui aura pour mission de former et d’encadrer les koglweogo.
Pour le colonel Pierre Ouedraogo « aujourd’hui, nous devons écrire une nouvelle page de l’histoire de l’Afrique en empêchant les forces rétrogrades barbares d’atteindre le golfe de Guinée ».
Les colonels Ousseini Compaoré et Daouda Traoré, ont quant à eux insisté sur ce qu’ils qualifient de « la guerre de l’ombre », le renseignement. Pour eux, tout le monde doit y contribuer, à l’image des CDR sous le CNR, et c’est à ce prix que nous arriverons à vaincre les forces du mal.
Ismaël COMPAORE