Ouagadougou : ouverture de la 13e édition du festival Ciné Droit Libre avec les migrations en débats
La 13e édition du festival Ciné Droit Libre, spécialisé dans la promotion des droits humains et la liberté d’expression, a débuté samedi soir à Ouagadougou, avec deux films posant le débat des migrations.
L’ambiance de fin d’après-midi dans la cour du Ciné Burkina, qui abrite la cérémonie d’ouverture, annonce une soirée riche. Réalisateurs, journalistes, défenseurs de droits humains, artistes, membres du comité d’organisation ou simples curieux, devisent chaleureusement avant l’ouverture de la soirée.
Vers 18H30, le maître de cérémonie, l’humoriste ivoirien Marechal Zongo, à travers des histoires drôles pertinentes, entretient le public installé et déroule le programme. Successivement il invite diverses personnalités sur l’estrade.
Luc Damiba, président de l’association Semfilms, organisatrice de l’évènement, rappelle son contexte de création.
« Ciné Droit Libre est né pour continuer l’œuvre de Norbert Zongo », journaliste burkinabè assassiné le 13 décembre 1998, alors qu’il investiguait sur le meurtre présumé du chauffeur du François Compaoré, frère cadet du président déchu Blaise Compaoré (1987-2014).
Une minute de silence demandée par M. Damiba en hommage à Norbert Zongo et sa défunte mère, a rehaussé le caractère solennelle de la soirée.
Après lui, d’autres personnalités, deux reportages et une prestation acoustique entretiennent les participants avant le mot d’ouverture du président de la cérémonie, le rappeur sénégalais Didier Awadi.
« Tout le monde s’attaque à l’esclavage mais on oublie les vraies causes et ces vraies causes, Ciné Droit Libre les posent en débats et à travers des films et de la musique (…) Ciné Droit Libre est notre ADN », lance-t-il entre autres pour laisser place aux deux films de la soirée, tous en compétition officielle pour le Grand Prix du festival.
« Wallay » (1H24), du réalisateur helvético-burkinabè Berni Goldblat, film d’ouverture, lance les hostilités.
Ady est un adolescent métis, têtu, qui vit seul avec son père en France. Ce dernier décide de le confier à son frère qui vit au Burkina Faso, le temps d’un Eté. Entre découvertes de l’univers africain et d’une autre partie de lui-même, Ady se découvre à repenser son être.
« Quand les parents migrent, ils font des enfants. Du coup comment l’enfant appréhende le ici et le là-bas. C’est un film qui intéresse tout enfant de la diaspora. Ils ont souvent du mal à s’identifier entre les cultures de leurs deux parents et celui du pays d’accueil… », réagit Andrée Nitinda, une spectatrice après la projection et en présence de Mounira, l’actrice principale du film, « petite amie » de Ady.
Après les échanges, le MC annonce le deuxième film : « Burkinabè Rising » (75 minutes) de la réalisatrice brésilienne Iara Lee.
Ce documentaire présente des hommes et des femmes burkinabè qui, à travers la musique, le cinéma, l’écologie, l’art visuel, l’architecture, souhaitent perpétuer l’esprit révolutionnaire de l’ex-président Thomas Sankara (1984-1987).
Après la projection, le chef de la production de l’association Semfilms, Gideon Vink, monte sur l’estrade, pour lire le mot de la réalisatrice, empêchée.
« J’ai fait ce film pour rendre hommage aux Burkinabè, pour leur bravoure, leur combattivité pour le développement », cite-t-il.
Le rappeur Art Melody et le coordinateur du cadre « Deux heures pour nous, deux heures pour Kamita », acteurs dans le film, le succèdent pour partager leurs expériences.
Les interactions sont ponctuées d’ovations, puis vers 23h00, le MC annonce la fin de la soirée. Les débats se poursuivent dans la cour, au parking du Ciné Burkina.
Sous le thème « Migrations, loin de chez moi ? », Ciné Droit Libre dure jusqu’au 16 décembre 2017.
Ce sont plus de 30 films programmés et 10 films en compétition officielle.
Hassimi Zouré