Répressions, tortures…, Amnesty déplore « l’impunité » persistante en Afrique
« Répressions politiques, violations dans le contexte électoral, violence et conflits armés, exactions contre les civils, migrations forcées, impunité », tel est le constat fait en Afrique subsaharienne par l’ONG internationale de défense des Droits humains Amnesty International, dans son dernier rapport dévoilé le 22 février 2018 à Ouagadougou.
« Dans plus de 20 pays, des personnes ont été privées du droit de manifester pacifiquement et par des moyens différents : interdictions illégales, recours à une force excessive, harcèlement ou encore arrestations arbitraires », peut-on lire dans la version synthétique du document.
Ces cas de violations au droit à la manifestation ont été constatés notamment au Togo, Tchad, en République Démocratique du Congo (RDC), au Kenya, en Ouganda, où des activités électorales et protestations contre la vie chère, ont occasionné des recours « à une force excessive contre des manifestants » pacifiques.
« Au Burundi, la répression politique généralisée a pris la forme d’homicides illégaux, d’arrestations arbitraires et de disparition forcée », a expliqué Yves Traoré, président de Amnesty Burkina, face à la presse et en présence d’autres organisations militantes des droits humains.
Quand la législation devient un outil de violation de la liberté d’expression…
Dans au moins 30 pays, la liberté des médias est « restreinte : les autorités se servent de la législation relative à la diffamation contre des journalistes et universitaires en particulier » ou à la faveur de « Lois antiterroristes » qui définissent « les actes terroristes de manière floue », déplore l’ONG de promotion des droits humains.
Par exemple, un tribunal militaire camerounais a condamné le journaliste de Radio France Internationale Ahmed Abba à 10 ans d’emprisonnement « à l’issue d’un procès inéquitable alors qu’il n’avait fait qu’exercer son droit à la liberté d’expression. Il a été libéré en décembre (2017) après qu’une cour d’appel a ramené sa peine à 24 mois »
En plus des « régressions » constatées dans les textes législatifs garantissant le droit à la liberté d’expression, au Togo, en RDC et au Cameroun entre autres, les gouvernements ont fréquemment coupé « le réseau internet » dans certaines parties du pays, en vue « d’étouffer les contestations », relève Amnesty International.
Conflits armés, tortures, migrations : les civils entre deux feux
De la région du Sahel (Burkina Faso, Mali, Niger, Nigéria, Tchad) aux autres régions de l’Afrique (Cameroun, RDC, Somalie, Erythrée, Ethiopie, Mauritanie, Soudan), les conflits armés mettant en scène armées nationales, groupes rebelles, groupes terroristes, ont occasionné de nombreux actes de « torture et autres mauvais traitements », selon le rapport.
Environ 6,5 millions de personnes ont été contraintes de « quitter leurs domiciles » en fuyant les représailles armées. Au Nigéria par exemple, « au moins 1,7 millions de personnes ont été déplacées dans les Etats du Borno, de Yobe et d’Adamawa (Nord-est) », ajoute le texte.
La lutte contre le terrorisme sert de prétexte pour infliger des « actes de tortures » et/ou des privations de liberté aux journalistes, bloggeurs, défenseurs de droits humains, accusés et détenus, « souvent sans preuve », selon Amnesty International.
Hassimi Zouré