Liberté de presse : Carton orange pour le Burkina Faso
Le rapport sur l’état de la liberté de la presse au Burkina de l’année 2017 édité par le Centre National de Presse Norbert Zongo (CNPNZ) et ses partenaires, a été porté à la connaissance des hommes de médias ce 04 mai 2018. Avec comme thème spécifique « Le traitement des effets du radicalisme religieux et du terrorisme sur la liberté de la presse et d’expression », le bilan a fait cas d’un résultat plus ou moins satisfaisant, compte tenu du terrorisme qui sévit de plus en plus dans le monde médiatique.
2,64 sur 4, tel est la note attribuée à la presse burkinabè par le panel des experts nationaux, soutenue par la Deutsch Welle Akademie, pour l’année 2017. Ce qui signifie que la liberté de la presse au Burkina se présente dans une situation « plutôt bonne » contrairement aux deux années précédentes 2015 et 2016 qui ont respectivement 2,43 et 2,37 sur 4 points. En effet le panel des experts s’est basé sur un certain nombre d’objectifs pour évaluer l’état de la liberté de la presse.
Tableau de présentation du score global de l’année 2017
A cela s’ajoute un 6e objectif qui s’intéresse à la question du rôle et de la place de la femme dans les médias. Dr Koffi AMETEPE, co-auteur du rapport, a mentionné que cette appréciation correspond « au carton orange » qui signifie que le Burkina est troisième sur quatre à l’échelle dressé par la méthodologie IREX (International Research and Exchanges board).
Le classement est matérialisé par quatre couleurs dont la couleur rouge est comprise entre 0 et 1 sur quatre, la couleur jaune entre 1et 2 sur quatre, la couleur orange entre 2 et 3 sur quatre et enfin la couleur verte entre 3 et 4 sur quatre. Ce qui veut dire que la presse burkinabè a avancé d’un grand pas vers la liberté de la presse.
Malgré cette avancée, notons que les médias burkinabè connaissent toujours d’énormes difficultés dues surtout à l’avancée du terrorisme au Burkina.
Les radios victimes de terrorisme
Dr Lassané Yameogo co-auteur du rapport, a fait cas lors de son intervention, des difficultés que les radios connaissent dans les zones touchées par le terrorisme. En effet, « la radio est au cœur de l’extrémisme violant » a-t-il souligné vu l’absence de télévision et de journaux dans les zones les plus reculées du pays. C’est justement pour cela qu’une enquête a été menée avec 19 radios basées sur le territoire burkinabè.
Il est ressorti de cette enquête que les radios subissent des violations, les journalistes sont menacés de mort parfois même assassinés. De plus, des journalistes n’ont pas le droit d’aborder certains sujets comme le mariage forcé, le terrorisme, l’excision, l’autonomisation de la femme etc. A cela s’ajoutent les pertes économiques des radios à Djibo et à Fada, entrainant le nom renouvellement des contrats des journalistes.
Aussi, les vigiles ou gardiens des radios dans ces zones subissent des violations et sont parfois assassinés. Ces radios n’étant pas suffisamment protégés, sont alors obligés de se s’adapter en fermant plus tôt que prévu.
Des recommandations
Pour garantir la sécurité des journalistes, le rapport recommande entre autres, l’adoption rapide du décret d’application de la loi portant accès à l’information publique et aux documents administratifs ; la relecture des lois de la presse sur la diffamation ; le renforcement des capacités des médias, pour le traitement de l’information relative au terrorisme et à l’extrémisme violent ; le point de la mise de la mise en œuvre de la convention collective afin de lever les obstacles ; la poursuite de la campagne de sensibilisation et de formation des journalistes et FDS d’une part, et journalistes et magistrats de l’autre, afin d’instaurer un bon climat de collaboration ; la sortie de la trop crise que traverse le CSC , afin de lui redonner ses lettres de noblesse.
L’espoir est permis
Il ressort néanmoins du rapport que, le système médiatique burkinabè présente de grands atouts tels que l’existence d’une bonne tradition de liberté d’expression et d’information, la pratique d’un journalisme professionnel reconnu, la diversité de médias et de pluralité d’informations, la protection et la préservation de l’indépendance éditoriale. Le principal point faible demeure cependant la gouvernance des entreprises de presse, marqué par le caractère assez étriqué du marché et la faiblesse des ressources humaines. Des défis qui pourraient être relevés si les pouvoirs publics s’engageaient à améliorer l’environnement juridique et à soutenir d’avantage les acteurs par des appuis substantiels, et accordaient aux médias toute l’attention qu’ils méritent dans un processus démocratique en besoin de faire ses preuves.
Reportage : Alimatou DIALLO (Stagiaire)