Un atelier de dessin et de caricature pour promouvoir la paix, la liberté et la démocratie
Le festival Ciné Droit Libre (CDL) dans sa phase décentralisée, en partenariat avec l’ONG Cartooning For Peace, se poursuit. Après l’étape de Bobo-Dioulasso, c’est à Koudougou d’accueillir, à son tour, le festival. C’était le 26 mai 2018. Les activités étaient articulées autour des concepts de la « paix », de la « liberté » et de la « démocratie ». Sous le thème « dessinons la paix et la démocratie », les organisateurs ont fait le choix des établissements scolaires et pénitenciers pour la sensibilisation. Les élèves et les détenus ont bénéficié des ateliers de dessin et de caricature.
26 mai 2018. Koudougou. Le ciel est nuageux. Un vent frais balaie les feuilles de quelques arbres dans la cour de l’école primaire Sud. Un groupe d’élèves s’empresse à prendre place en classe. Le matériel de travail installé. Le coordonnateur du festival CDL, Abdoulaye Diallo, plante le décor. Il explique aux élèves, au nombre de 115, composés de 61 filles et de 54 garçons, l’objectif de la présente activité. Il s’agit, selon lui, d’« initier les enfants au dessin de presse qui est un moyen d’expression incontournable ». Ils doivent apprendre à décrire et à analyser les dessins et les caricatures.
Curieux et enthousiasmés, les élèves attendent impatiemment. Sans plus tarder, les feuilles de format A4 comportant divers dessins leur ont été distribués. Après avoir pris connaissance, certains sont invités à décrypter les images. Le travail est bien apprécié par les dessinateurs et caricaturistes comme Timpous, Zoétaba et Marto. « Ils ont compris les dessins et les ont même interprétés. A leur âge, c’est formidable ! », reconnait le célèbre caricaturiste Timpous qui ne cache pas sa joie de contribuer à « l’éducation des enfants par les images ».
Un groupe d’étudiantes, au nombre de quatre, attirées par l’activité, observent depuis les fenêtres. Elles ont été invitées à y prendre part, aux côtés des enfants. Elles se sont prêtées également au jeu qu’elles jugent à la fois « intéressant et très pédagogique ».
L’ambiance est bon enfant. Les ovations et les rires aux éclats ont ponctué la séance. Kadilatou Kaboré, âgée de 12 ans et en classe de CM2 A à l’école Sud, est contente d’avoir appris à dessiner, car le dessin, de son avis, est un métier d’art. Elle a retenu également qu’un dessinateur peut exprimer son opinion à travers un dessin, chose qui semble, à ses yeux, plus simple que la rédaction d’un texte. Son camarade Achim Guiguimdé, de la classe de CM2 B est particulièrement ému par ce qu’il a appris et se dit disposé à le partager avec les autres. Mais toutefois, il n’est pas très motivé à exercer le métier de dessinateur. La raison : c’est un métier difficile selon lui.
L’étape avec les élèves a pris fin aux environs de 11H00. Le cap est mis à la Maison d’Arrêt et de Correction de Koudougou (MAC-K). Mais avant, l’équipe a effectué une visite de courtoisie dans la famille du célèbre journaliste Norbert Zongo. Le frère cadet de Norbert Zongo, Robert Zongo et les autres membres de la famille ont chaleureusement accueilli l’équipe, conduite par Abdoulaye Diallo.
A la MAC-K, ladite équipe a été reçue par Issa Traoré, Chargé de la sécurité. Un bref entretien avec lui ainsi qu’avec sept détenus devant prendre part à l’atelier de dessin. Dans la « salle polyvalente » de la MAC-K, une petite séance d’écriture consistant à trouver les expressions renvoyant au champ lexical de la paix, la liberté et la démocratie, s’est imposée.
L’équipe s’est déportée ensuite sur les murs de la prison. Sous les regards attentifs des formateurs, les détenus, qui sont de toutes les couches sociales, démontrent leur savoir-faire. Certains dessinent, tracent et d’autres écrivent et peignent les murs. « Ils sont talentueux !», s’exclament certains visiteurs de passage à la MAC-K.
Visiblement, les pensionnaires de la MAC-K sont émus de prendre part à cette activité qui les « occupe utilement ». « C’est une grande joie pour nous de voir ces chefs-d’œuvre que nous avons réalisés et qui nous sont d’ailleurs bénéfiques », témoigne un détenu qui reconnait d’ailleurs que les dessins véhiculent des messages et qu’à travers ceci, il y a une possibilité de changement de mentalités et de comportements.
Le contrôleur de la sécurité pénitentiaire, Mouni Bouda, par ailleurs directeur intérimaire, apprécie l’initiative et se réjouit du fait qu’elle a été axée sur la paix, chose qui manquerait aux détenus. Selon le directeur par intérim, l’une des missions
de la prison, c’est la réinsertion sociale et cette activité vient y contribuer largement.
L’activité a pris fin avec la projection du film : ‘’Migrants retour d’enfer’’ du réalisateur Patrick Fandio.
Prévue pour 19H00, c’est finalement à 21h15 que la projection du film a débuté. De nombreux festivaliers voulaient d’abord suivre la finale de la league des champions de football, qui opposait Le réal de Madrid à Liverpool, avant le film “Migrants retour d’enfer”. Malgré la faible mobilisation, le débat était de haut niveau.
Masbé NDENGAR