L’ivoirien nouveau et la justice
En côte d’Ivoire, s’il y a un sujet qui a volé la vedette à la polémique contre l’annexe fiscale 2018, c’est bien cette altercation entre une femme policière et un éminent député de l’Assemblée nationale…
La part des réseaux sociaux dans la polémique
« Il se passe toujours quelque chose à Abidjan ». On peut voir cet écriteau en face de l’université Félix Houphouet Boigny de Cocody. Et c’est la vérité. Après le mouvement d’humeur des hommes d’affaires contre l’annexe fiscale 2018, c’est au tour d’une rixe entre deux autorités d’animer la toile. Il s’agit donc de cette altercation entre une policière qui aurait été giflée par un député de notre Assemblée nationale en plein exercice de sa fonction. La population a à son tour rudoyé l’honorable. Si l’on ignore les causes réelles et les circonstances de l’incident, la toile, et notamment Facebook, nous donne une lecture presque partisane de l’action, à en croire certaines publications et commentaires sur un forum de discussion connu sous la dénomination de « OBSERVATOIRE DÉMOCRATIQUE EN CÔTE D’IVOIRE ».
La toile a pris fait et cause pour la policière, et on veut la peau de l’honorable Yah Touré, député de la circonscription électorale de Duekoué commune. On peut lire dans la presse quelques articles qui ont été consacré à cette affaire qui met une nouvelle fois encore notre justice à l’épreuve de la vérité.
Immunité ne veut pas dire impunité
Les débats sur l’immunité du député Yah Touré font rage sur le forum ODCI (OBSERVATOIRE DÉMOCRATIQUE EN CÔTE D’IVOIRE). J’en rapporte quelques commentaires :
« Aucun membre du Parlement ne peut, pendant la durée des sessions, être poursuivi ou arrêté en matière criminelle ou correctionnelle qu’avec l’autorisation de la chambre dont il est membre, sauf le cas de flagrant délit. Aucun membre du Parlement ne peut, hors session, être arrêté qu’avec l’autorisation du bureau de la chambre dont il est membre, sauf les cas de flagrant délit, de poursuites autorisées ou de condamnations définitives. La détention ou la poursuite d’un membre du Parlement est suspendue si la chambre dont il est membre le requiert. »
« Où sommes-nous ? l’autorité est bafouée. Plus de respect. Un député n’a pas le droit de gifler un policier aussi un député ne mérite pas d’être traité comme çà. L’un dans l’autre c’est le pays qui prend un coup. Dommage »
« Nul n’est au-dessus de la loi
Ce qui fais la force de la loi c’est qu’elle s’applique en toutes rigueur et en toutes impartialité…. »
Cette affaire nous amène à nous poser cette question : Nos élus sont-ils réellement représentatifs ? Même si à la fin de la procédure notre indigne député est relaxé, il aura reçu une belle leçon et il saura mieux apprécier le concept de l’ivoirien nouveau qu’ils aiment si bien vanter dans les discours creux qu’ils servent au peuple. Le peuple ivoirien n’est plus ce peuple aveugle de l’époque coloniale et il est bien écrit à l’entrée du palais de justice d’Abidjan « Nul n’est au-dessus de la loi ».
Place à la réflexion et bienvenu dans la république. Que celui qui sait écouter comprenne le message de l’ivoirien nouveau.
Article initialement publié sur le blog de Jean Paul Soro