Inondation au Bénin : Cotonou en tenue de vérité !
Cotonou a les pieds dans l’eau et la mairie, la tête en feu. A moins d’un mois des élections communales, dame nature ouvre son robinet et gicle sans retenue sur la capitale économique.
Le cauchemar des inondations reprend droit de cité, en dépit des efforts ardus déployés par l’équipe communale depuis douze (12) ans.
Hercule aurait-il perdu la bataille des eaux ?
Après deux (02) mandats à la tête de la capitale économique, Nicéphore Soglo, dont le cœur à l’ouvrage et les compétences ne laissent aucun doute, est condamné à regarder, impuissant, la déferlante liquide faire la loi à ses administrés à chaque saison pluvieuse.
Une situation inconfortable pour l’ex président de la République, mais plus encore, pour son premier adjoint, Léhady Soglo, en lice pour prendre le relais, dans un environnement politique devenu lourd d’incertitudes. Et comme un malheur ne vient jamais seul, la pluie du 1er juin qui semble préfigurer d’une série d’intempéries, tombe en pleine période électorale et déchaîne les passions sur les réseaux sociaux et dans la presse.
J’imagine le descendant d’Hercule, Léhady Soglo, en ces temps si rudes, à l’assaut des défis qu’appellent ici et maintenant, la douleur des administrés et les invectives de ses adversaires historiques, les Cauris, qui semblent ne l’avoir jadis embrassé que pour mieux l’étouffer ; tant ils jubilent du mauvais augure qu’une telle situation pourrait laisser profiler à l’horizon.
La toile s’embrase. Aux cris de cœur des Cotonois, répond en échos le haro des hommes du pouvoir et de leurs agents préposés sur la toile qui laminent copieusement l’exécutif communal taxé d’incompétence.
On sait pourtant que Cotonou est située en dessous du niveau de la mer, qu’elle est ceinturée par l’océan, une lagune et un lac, et qu’à 2/3 de sa superficie, elle est bâtie sur les marécages.
Une géographie qui scelle d’avance son sort en saison pluvieuse et induit, qu’en transférant les compétences à la ville, il aurait fallu lui transférer des ressources à la taille du symbole qu’elle incarne, à savoir la vitrine du Bénin.
Douze ans durant, Hercule et son équipe ont ployé sous le poids des inondations, pieds et poings liés, et quelle que soit l’équipe que les Cotonois porteront à l’Hôtel de Ville le 28 juin, elle sera confrontée à un défi certifié par les études des experts internationaux depuis 2004 : mobiliser 400 milliards pour sortir Cotonou de l’eau. Avec un budget annuel réel gravitant autour de dix milliards à éclater entre une diversité de rubriques aussi utiles les unes que les autres, où et comment mobiliser presque un demi-millier de milliards que le propriétaire légitime de Cotonou, l’eau, réclame comme tribut pour plier bagages, si par ailleurs le pouvoir central refuse toujours de laisser choir la gestion des marchés clé comme Dantokpa et Gbogbanou, aux mains des autorités communales, selon les termes et l’esprit de la loi ?
Face aux dégâts, quelles solutions ?
Cotonou en campagne contre les inondations pourrait dès lors s’imposer, comme une mesure précaire, mais nécessaire pour soulager les peines des administrés, à défaut de pouvoir les en délivrer.
En tenue de vérité, Cotonou en toute folie, inonde les artères, déloge les malheureux habitants des marécages, et sème de sombres dégâts, comme un propriétaire furieux déguerpirait des locataires insolvables. Les ouvrages d’assainissement construits avouent leurs limites et se plient, tandis que certains Cotonois, par leur incurie, avaient déjà bouché les caniveaux en y déversant des ordures ménagères.
Les Cotonois souffrent. Premier adjoint et maire de facto de Cotonou, Léhady Soglo tente de canaliser les énergies herculéennes de son père pour faire bouger la ville. Mais avec dix milliards par an dans sa cagnotte, même en gelant toutes autres rubriques, fonctionnement compris, il faudra quarante ans pour mobiliser les 400 milliards et faire de Cotonou la terre rêvée de ses habitants. Une réalité que contemplent froidement en spectateurs joyeux, les acteurs politiques au pouvoir, heureux de voir la mairie se planter et les Cotonois souffrir pour en tirer des bénéfices politiques.
Pourquoi l’Etat central, avec un budget annuel de plus de 1.000 milliards, ne partagerait-il pas le fardeau des eaux dans la ville qui abrite toutes les infrastructures névralgiques sensibles du pays ?
Pourquoi en sus de cette cynique indifférence, se refuse-t-il à accorder sa caution rendue nécessaire par la loi, quand l’équipe municipale parvient à négocier des accords de financement ?
Quelle que soit la prochaine équipe municipale, elle fera l’exercice de la gestion de ces difficultés, et s’aviserait que lorsque la puissance d’action d’un acteur se situe hors de sa portée, son sort est triste.
Daigne le prochain exécutif central sauver Cotonou de la furie des eaux.
Daignent les autorités communales actuelles et futures redoubler d’ardeur pour rendre les Cotonois fiers de leur ville !
Cotonou est la vitrine du Bénin.
Infrarouge, une chronique de Constantin AMOUSSOU pour DROIT LIBRE TV