Bénin : Les hommes en blouse blanche mettent les centres de santé sous perfusion !
Les médecins en spécialisation du Bénin sont en grève et ce depuis le 9 janvier 2017. Pour coup sûr, c’est un mauvais cadeau de nouvel an envoyé à Patrice Talon. C’est l’Association des médecins en spécialité (AMES) qui est à l’origine de cette grève illimitée dans les différents centres hospitaliers et universitaires du pays. Le mobile de ladite grève porte principalement sur l’amélioration des conditions de formation. Douze points constituent leur revendication. Pour un pays qui compte 0,05 médecin pour 1000 habitants, l’heure doit être à la formation et non aux guéguerres.
Par cette grève, les médecins en spécialité veulent porter à la connaissance de l’opinion nationale et internationale des conditions « précaires et misérables » dans lesquelles ils poursuivent leur formation. En dépit des conditions « déplorables » de formation, les frais ont connu une augmentation substantielle de 500 000f. Cette augmentation a été notifiée par un arrêté rectoral du 15 juillet 2015. Les concernés ne veulent pas de cet arrêté qui, selon eux, constitue un obstacle pour ceux qui ont la volonté de poursuivre leurs études. Ils exigent purement et simplement son abrogation. Les responsables universitaires ne sont pas prêts à battre en retraite. Chaque groupe campe ainsi sur sa position. Dans de pareilles circonstances, le dialogue doit être privilégié afin de trouver un consensus pour l’intérêt général. Au-delà de tout, c’est le peuple Béninois qui sort perdant. Pour un pays où on compte 0,05 médecin pour 1000 habitants, l’heure doit être plutôt à la formation en masse des agents et non aux chamailleries.
La plateforme revendicative de l’AMES comporte douze points. En effet, les médecins en spécialisation exigent la définition de leur statut, l’amélioration du plateau technique des centres hospitaliers universitaires (CHU), la baisse des coûts des prestations des soins au Centre national hospitalier universitaire (CNHU) pour permettre aux populations d’avoir facilement accès aux soins de qualité et l’attribution d’un salaire minimum à tous les médecins en spécialité.
Ce mécontentement n’est donc pas fortuit. Il y a forcément du feu en la demeure. Pour un pays qui compte plus de médecins à l’extérieur, une politique rigoureuse doit être mise en place pour éviter l’exode effréné des cerveaux : « l’Ile-de-France compte plus de médecins béninois que le Bénin », note Habib Ouane, coordinateur du rapport de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED) sur les pays les moins avancés (PMA). Ce triste constat doit interpeller les autorités béninoises afin d’éviter l’exode des compétences surtout dans le domaine de la santé qui souffre du déficit humain. Vivement !
Masbé NDENGAR