Ouverture de CDL à Niamey : « J’espère que vous serez des dignes représentants du peuple», dixit Smockey.
Le festival Ciné droit libre (CDL) a été créé en 2005. Après 12 ans de parcours dans certains pays de la sous-région où il a fait ses preuves, il a déposé ses valises désormais à Niamey au Niger. La 1re édition du genre se tient du 25 au 27 mai 2017.
La cérémonie d’ouverture a eu lieu le 25 mai 2017 dans la capitale nigérienne en présence du parrain, Smockey et des autorités nigériennes. Placé sous le thème : « droit de vivre : luttons contre l’extrémisme violent », CDL Niamey est apprécié positivement par la population qui a massivement effectué le déplacement de la maison de la presse. Concerts, projections, débats, master class, etc. sont autant d’activités qui sont au programme.
Après le Burkina Faso, le Mali, le Sénégal, la Cote d’Ivoire, le festival Ciné Droit Libre a déposé ses valises au Niger. La première édition dudit festival se déroule du 25 au 27 mai 2017 dans la capitale nigérienne. Le thème choisi pour cette toute 1re édition est « droit de vivre : luttons contre l’extrémisme violent ». Un thème, qui selon les organisateurs est la bienvenue compte tenu du contexte sécuritaire dont plusieurs pays de la sous-région en sont victimes.
Cette 1re édition est parrainée par l’artiste rappeur burkinabè Smockey. Ce dernier a fait son allocution en déclarant la cérémonie ouverte par un acapela qui a été apprécié par un tonnerre d’applaudissement dans la salle de la maison de la presse de Niamey. Connu pour son franc parlé, il n’a pas tardé à titiller les autorités présentes dans la salle : « si le peuple vous appelle autorité c’est par respect qu’il a pour vous et vous devez de le respecter en retour. J’espère que vous serez des dignes représentants du peuple pour ne pas que ça finisse comme au Burkina Faso les 30 et 31 octobre 2014 ». Longues ovations. « Camarades autorités, nous comptons sur vous pour savoir raison garder », renchéri-t-il.
Le parrain se réjouis de l’existence désormais du festival Ciné Droit Libre de Niamey et invite les uns et les autres à saisir ce cadre qui de son avis est une opportunité: « camarades autorités ou non, indignés ou non, révoltés ou non, insoumis ou non, etc. ce cadre est un outil important de libération des consciences, c’est un outil pédagogique qu’il faut s’en servir ». Pour le parrain, il ne faut pas utiliser la violence pour lutter contre le terroriste qui est un « imbécile ». Il faut le combattre autrement car, selon lui, les armes servent à semer que le chaos : « la communication est un moyen beaucoup plus puissant pour changer les mentalités », conseille Smockey.
Pour Abdoulaye Diallo, coordonnateur du festival Ciné Droit Libre, le message qu’il veut véhiculer c’est celui de libérer la parole pour la prise de conscience de la population nigérienne : « c’est le message de la liberté d’expression, le message de la prise de conscience de la jeunesse africaine qui a décidé de prendre son destin en main. C’est également le message de la promotion des droits humains à travers le cinéma ». Il souhaite que le Niger adopte cette plateforme pour l’éveille des consciences et la promotion de la démocratie surtout que c’est depuis longtemps, d’après Abdoulaye Diallo, que le peuple nigérien a exprimé le besoin d’avoir le festival Ciné Droit Libre.
Un film était au programme dans la matinée : « Hissein Habré, la traque d’un dictateur ». Il a suscité d’énormes émotions et des échanges houleux des festivaliers avec Clément Abaifouta, l’invité de la 1re édition et par ailleurs victimes de la répression du régime de Hissein Habré. Il est actuellement le président de l’association des victimes de Hissein Habré. Son témoignage en tant que victime a laissé beaucoup de personnes perplexes. « J’ai vécu l’horreur pendant 4 ans dans les geôles de la Direction de la Documentation et de la Sécurité (DDS). Mes parents n’avaient pas de nouvelles de moi ».
Il était également le fossoyeur de la plaine des morts. Il aurait enterré plus de milles personnes pendant les quatre années qu’a duré son séjour en prison. De son témoignage, ils étaient plus de cinquante dans des labyrinthes : « on dormait sur les cadavres de ceux qui décédaient, faute de place ». La salle semble ne plus contenir son émotion. Clément Abaifouta termine ses propos par un engagement ferme : « aujourd’hui, je me mets à la disposition de tous ceux qui recherchent la paix et la justice. Je suis le sel qui doit empêcher la société de pourrir ».
Masbé NDENGAR