Cinéma : La radicalisation de la jeunesse au cœur du film « Massoud »
Massoud. Du nom de l’acteur principal, c’est à la fois le titre du deuxième film fiction long métrage produit par Semfilms, après La République des Corrompus. Tourné sur une période de plus de six semaines au Burkina Faso, Massoud est l’œuvre du réalisateur Emmanuel Rotoubam Mbaidé. Ce film a convoqué sur le même plateau, de grandes figures du cinéma tels Delphine Ouattara, Ildevert Méda du Burkina Faso, Youssouf Djaoro du Tchad et bien d’autres. Sortie attendue dans le premier trimestre de 2021, Massoud traite une problématique brûlante de l’heure à savoir l’extrémisme violent avec au centre la radicalisation de la jeunesse dans les mouvements armés.
Le scénario se laisse lire. Lorsqu’on commence la lecture, il est difficile de l’interrompre. Il est non seulement bien narré mais l’histoire racontée est aussi intéressante que palpitante. Un scénario de 70 pages environ avec près de 120 séquences, Massoud est un récit du drame retentissant que l’humanité traverse actuellement.
Un film pour déceler les causes, expliquer et apporter une probable thérapie à l’extrémisme violent ? En tout cas, le réalisateur jette un regard singulier sur ce phénomène et l’aborde à sa manière. Selon lui : « en ce siècle mouvementé de l’histoire où l’humanité tout entière est confrontée à de multiples troubles et bouleversements, il me parait légitime de se questionner sur le sens de notre évolution en posant un regard objectif sur la pensée et le choix des « Hommes » ». Il appartiendra sans doute à chacun de se faire son opinion à sa sortie…
Dans ce film, un jeune étudiant du nom de Massoud partage son quotidien entre ses études et son activité de guide touristique. Bien éduqué, Massoud est le fils du grand imam du village. L’imam a fait de son fils un modèle pour les jeunes de sa génération tant sur le plan spirituel que social.
Cependant, les débats sont houleux dans les grains de thé. Abdoulaye, un recruteur de jeunes pour son groupe armé, fréquente également ces milieux, une sorte d’agora pour les jeunes du village. C’est là que Massoud et Abdoulaye vont se rencontrer. Une autre histoire va s’écrire, de la mauvaise des manières. La pauvreté dans la localité constitue un terreau fertile pour l’embrigadement des jeunes. Abdoulaye va utiliser cette insuffisance à son actif. Il lancera dans la foulée une campagne de recrutement. Massoud se fait enrôler et rejoint le groupe armé terroriste. Au fil du temps, il augmente de grade et se voit confier des missions sécrètes, y compris celle de tuer son propre père. Va-t-il commettre ce parricide ? Reviendra-t-il sur le chemin de la raison ? La sortie du film nous en dira plus…
De Réo à Wahabou en passant par Saponé, Ziniaré, Ouagadougou, etc. ce sont autant de localités où ce film a été tourné. Un tournage qui a suscité autant de curiosité que de peur. Le décor, le maquillage, le matériel utilisé, les rôles incarnés par des personnages, etc. n’ont pas laissé les populations de ces localités indifférentes. Par moments, certaines scènes ne semblaient pas être de la fiction, du moins pour certains profanes. Le thème sensible et d’actualité semble jeter de l’huile sur le feu. Trois séquences n’ont pas été jouées ou du moins refusées dans certains villages par peur de représailles des groupes armés.
De la frayeur, il y en a eu. De l’émotion, il y en a eu également. Un tournage plein de rebondissements. Il y va de soit dans la mesure où le film renferme plein de suspens. C’est aussi un film qui montre la résilience de la population face à l’hydre terrorisme mais au-delà, c’est la problématique de la paix et du vivre ensemble qui est questionnée.
C’est avec une note de satisfaction pour un travail bien accompli, malgré les ressources limitées et les difficultés, que l’équipe a bouclé le tournage à Saponé dans l’après-midi du 10 décembre 2020. Le travail de montage et mixage du film est en cours. A très bientôt dans les salles !
Synthèse : Masbé NDENGAR