Ciné Droit Libre 2023 : Débat houleux sur le panafricanisme et le Sankarisme à l’ère des coups d’État
La sixième journée du festival Ciné Droit Libre a été marquée ce 14 décembre 2023 par un débat démocratique à l’université Joseph Ki-Zerbo. Un débat tranché à l’amphi A600 qui a connu une forte mobilisation des étudiants.
“Sankarisme et panafricanisme d’hier à aujourd’hui”, c’est le thème général du débat animé par le Professeur Aménophis Traoré, David Gakunzi et Adama Siguiré.
Dans la définition des concepts généraux, le Pr Traoré a indiqué que “le panafricanisme est né des luttes des esclaves noirs dans les Antilles.” A l’en croire, les gens voulaient se mettre ensemble pour résoudre un problème, celui de la libération.
Il ajoute que les présidents Thomas Sankara, Kwame N’kruma et Modibo Keïta étaient les fervents promoteurs du panafricanisme pour l’unité de l’Afrique. “Sankara lui, était particulièrement dans l’opérationnalisation du panafricanisme à travers le Discours d’orientation politique (DOP)”.
Adama Siguiré a développé le sous thème “la pratique du panafricanisme et Sankarisme sous le prisme des néopanafricains dans un contexte de résurgence des coups d’État”.
Pour lui, le panafricanisme est une doctrine politique qui prône l’unité africaine et l’autodétermination. Il définit le Sankarisme comme l’ensemble des valeurs idéologiques et politiques de Sankara entre 1984 à 1987.
Sur la question de compatibilité entre les coups d’État et le panafricanisme ou le Sankarisme, monsieur Siguiré répond par l’affirmative, car d’après lui, les régimes militaires au Burkina Faso, au Mali et au Niger sont dans une dynamique de fédération avec l’AES (Alliance des États du Sahel) et de rupture totale avec le colonisateur.
Prenant ces trois exemples, l’écrivain conclut que les coups d’État ne sont pas forcément antinomique au panafricanisme.
David Gakunzi, pour sa part, a fait savoir que le panafricanisme est une idée, un projet. Il se résume à la question comment rester Africain en exil pour la diaspora. Comment reconstruire un lieu de vie vivable ?
Il a insisté sur le fait que le panafricanisme, c’est poser les vraies questions pour l’indépendance véritable. Il a surtout prévenu sur le détournement du concept de nos jours un peu partout en Afrique. “Le panafricanisme, c’est du sérieux”, met-il en garde.
Pour l’invité du débat, la plupart du temps, “les néopanafricanistes ne sont pas des panafricains mais des populistes”.
Le débat, qui a été modéré par Bintou Ruth Diallo, a connu une participation massive des étudiants, qui n’ont pas manqué d’alimenter les communications à travers leurs questions et contributions.
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