Le code informatique à la rescousse de l’école nigérienne
Au Niger, comme partout dans le monde, l’éducation reste l’un des piliers fondamentaux pour s’assurer un avenir socioéconomique. Cependant, malgré les efforts déployés sur plusieurs années, la population du Niger reste analphabète à plus de 70%.
L’analphabétisme est endémique en plus d’être amplifié par des décrochages scolaires qui sont légion. Le postulat actuel est clair : l’école nigérienne fait face à des lacunes abyssales et le gouvernement reste, quoi que l’on dise, totalement démunie face à ces problématiques.
Dans ce billet, je vous propose de découvrir comment l’enseignement du code informatique pourrait consolider le système éducatif actuel.
Contexte général de l’école nigérienne
Le Niger, avec un PIB par habitant de 447 dollars en 2018, est l’un des pays les plus pauvres de la planète. Les caisses de l’État étant vides, des secteurs prioritaires tels que l’éducation sont souvent relégués au second plan. Le gouvernement s’endette, mais ne parvient même pas à équiper les locaux de ses fonctionnaires.
Ajoutez à cette équation des acteurs qui soit détournent les fonds publics, soit corrompent certaines données relatives à l’éducation ainsi que des grèves récurrentes d’enseignants et vous avez une panoplie d’approches scolaires ou d’expérimentations qui se soldent par des échecs. Je pense que si cette situation perdure, c’est parce qu’il y a beaucoup d’acteurs qui interviennent avec très souvent des intérêts opposés.
Aujourd’hui l’école nigérienne agonise et les chiffres le démontrent. On assiste à une baisse de niveau généralisé du corps enseignant même. En effet, sur 3 177 enseignants évalués en 2016, seul 589 ont obtenu une note de 10/20. Pour les autres, les notes ont varié de 0 à 4/20.
Au Niger plus de 60% des élèves de CP (Cours Préparatoires) n’arrivent pas à lire cinq lettres de l’alphabet. Lorsque seulement 19,1% des 15 ans et plus sont alphabétisés. L’école nigérienne fait également face au problème de contenus dont on dit ne pas être appropriés…
Bref, il existe tout un faisceau d’éléments qui entravent le bon fonctionnement de l’école nigérienne. C’est donc pour ça qu’une nouvelle approche doit encore être envisagée. Évidemment pour moi, cette approche sera nécessairement liée au numérique. Elle passera donc par l’enseignement du code informatique à toutes les personnes éjectées des bancs de l’école par le système scolaire traditionnel. Cette nouvelle approche ne sera pas là pour concurrencer directement l’ancien système. Elle viendra proposer d’autres possibilités aux élèves ayant quitté, pour diverses raisons, l’enseignement scolaire.
Qu’est-ce que l’enseignement du code informatique va apporter ?
Pour ceux qui ne le savent pas, le code informatique est un ensemble de langages de programmation utilisés pour la conception de logiciels et autres programmes informatiques.
Pour moi, l’enseignement du code informatique au Niger sera un peu une école de la deuxième chance pour celles et ceux qui le désirent. Même si l’on entend souvent dire que l’apprentissage du code est difficile, il faut quand même savoir qu’il existe un panel assez large de langage plus ou moins accessibles les uns des autres. Tout dépendra en fait de l’objectif que l’on se fixe soi-même. Et comme dans toute autre langue, l’essentiel c’est d’arriver à se faire comprendre.
Passons en revue quelques avantages que la programmation informatique pourrait apporter de manière générale aux déboutés de l’école nigérienne.
D’abord, il va apporter des connaissances pratiques qui susciteront beaucoup plus l’attention des apprenants. En effet, ces derniers seront très vite conscients du fait que même s’ils n’obtiennent pas de diplôme, les connaissances qu’ils auront acquises pourraient leur permettre de gagner leurs vies. Car, au Niger, malgré tous les obstacles qu’un élève doit franchir jusqu’à la fin de ses études, décrocher un emploi peut relever du miracle.
Ensuite, l’enseignement du code informatique pourrait aussi permettre de changer la vision qu’ont les jeunes du monde qui les entoure. Puisque non seulement le contenu du cours est différent, mais aussi parce que la manière même de résoudre les problèmes du quotidien invite à réfléchir autrement.
Enfin, l’apprentissage de la programmation informatique sera démocratisé. Les étudiants qui n’ont pas les moyens de partir étudier à l’étranger pourront le faire sur place. Il faut savoir qu’il n’existe pas, au Niger, d’écoles spécialisées dans l’enseignement du code informatique.
Une mission du gouvernement
Aujourd’hui, malgré d’innombrables projets financés par des bailleurs, très souvent étrangers, on voit bien que globalement les jeunes au Niger mais également sur le continent manquent de repère. Ils ne savent généralement pas vers qui se tourner pour participer à cette révolution numérique dont on leur parle. Il est donc clair que nos gouvernements doivent s’engager pour un impact plus conséquent.
Au Niger, tout le monde ne dispose pas forcément d’un ordinateur. C’est le rôle de l’État de mettre en place une infrastructure spécialement dédiée et totalement équipée, comme l’école 42 en France. Aussi, l’enseignement de ces connaissances doit être totalement gratuit et accessible à tous, quelque soit le niveau d’éducation.
Personnellement, je ne pense pas que le développement du Niger passera par un schéma d’industrialisation classique. Je pense que l’État devrait investir davantage dans le développement de pôles numériques puisqu’ils sont moins onéreux à mettre en place en plus d’être de potentielles sources d’emploi. En effet, construire une telle école sera beaucoup moins couteux que la réalisation d’installations industrielles lourdes. Et puis, de toute manière, on sait d’expérience que les retombés de telles industries ne profitent jamais aux citoyens.
Voilà, j’espère avoir été bref et surtout apporté quelques éléments de réflexions quant à une possible évolution de l’environnement scolaire nigérien.
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Article initialement publié sur le blog de Ousmane