Interdiction du sit-in du CISC: « il ne s’agit ni plus ni moins que d’arguments fallacieux » (Dr Daouda Diallo)
Ce 10 janvier 2020, le Collectif contre l’Impunité et la Stigmatisation des Communautés (CISC) a tenu une conférence de presse au Centre de Presse Norbert Zongo. Objectif: expliquer d’une part la raison de la non-tenue du sit-in du collectif devant le Palais de Justice, et d’autre part les motivations du sit-in dit de « soutien à la justice » qui n’a pas eu lieu.
Initialement prévu pour se tenir devant le Palais de Justice sous forme de sit-in, le mouvement s’est finalement mué en conférence de presse, faute d’autorisation de la Mairie Centrale. Pour le Dr DIALLO Daouda, SG du CISC, « il ne s’agit ni plus ni moins que d’arguments fallacieux ». En effet, en réponse à la demande de manifestation adressée le lundi 6 janvier 2020, la mairie Centrale a opposé un refus.
L’argument avancé, en substance, est que le « sit-in devant le Palais de Justice engendrerait un mauvais fonctionnement de cette institution indépendante ». Ce qui n’a pas manqué de susciter l’indignation du Dr DIALLO qui se demande si la Mairie connait mieux que le Procureur de la République ce qui pourrait engendrer un dysfonctionnement de la Justice.
Des délais respectés…une motivation illégale ?
Pour le Collectif, les règles ont été respectées, notamment la règle du délai imparti avant la tenue de la manifestation. Il ne voit donc pas de raison légale qu’une marche pacifique de soutien aux instances de Justice soit interdite. En plus, il précise que la Mairie n’a pas fait preuve de bonne foi en les informant que très tardivement, soit la veille de ladite manifestation et à la dernière heure, du défaut d’autorisation. Un sit-in pour dénoncer des décisions à double vitesse
En juin dernier, la Mairie a autorisé la manifestation du Collectif qui avait pour but de mettre la pression sur la Justice dans le cadre des tueries de Yirgou. Cela avait permis d’émettre environ 200 mandats d’arrêts sur les présumés auteurs. Pourquoi, alors cette fois, cet argument de « …mauvais fonctionnement » ? Par ailleurs, il s’est agi pour le Collectif d’expliquer les raisons de la tenue du sit-in. Il visait « à dénoncer les obstacles auxquels la Justice est confrontée. Il s’agit des pressions militaro-politiques qui sont de plus en plus pesantes sur les décisions de Justice », selon Dr DIALLO. Des Koglweogo tout-puissants face à l’Etat ? DIALLO Daouda estime que certaines communautés sont méprisées en faveur d’autres. Il en veut pour preuve la manifestation des Koglweogo sur l’axe Ouaga-Koupéla en décembre dernier, qui a duré 48 heures avant que l’autorité les déguerpisse. La manifestation visait, dit-il, à faire libérer un chef Koglweogo interpellé dans le cadre des tueries de Yirgou. Il s’agit selon lui, des mêmes Koglweogo qui ont traqué, jusqu’à Fada N’Gourma, des Peulhs dont certains témoins des tueries de Yirgou, au grand désarroi du chef Koglweogo de la région de l’Est, Django. Cela témoigne, de son avis, de la toute puissance et de l’impunité dont bénéficient certains. Pour le Collectif, ce genre de pression est en train de se multiplier et commence à peser lourd sur la justice. Pour Ismaël KINDA « pendant que nous tenons la conférence ici, les auteurs des crimes de Yirgou sont en train de tout faire pour que la lumière ne jaillisse pas sur cette affaire ». Il met en garde les autorités actuelles sur l’origine de leur gouvernement (post-insurrectionnel) et sur l’inopportunité de restreindre les libertés individuelles et collectives, douloureusement acquises. La justice pour Yirgou, tôt ou tard
Pour le président d’honneur du Collectif contre l’impunité, BARRY Hassan, il est inévitable que la justice se fasse. Et de rappeler que le respect de l’autorité passe par le respect des lois par l’autorité elle-même. Le collectif prévoit, pour la suite des activités, une conférence publique avec l’Institut Free Afrik et un séminaire journalistique sur la question des conflits ethniques. Pour rappel, il y a à ce jour 13 mandats d’arrêts qui ont été exécutés, sur les 200 émis par la Justice burkinabè. Aristide OUANGRE