n marge de la 14^e édition du festival Ciné Droit Libre, tenue du 8 au 15 décembre 2018, un Master Class a été organisé sur la réalisation des « films documentaires », au profit des hommes et femmes du cinéma. David Fedele, formateur et par ailleurs réalisateur du film « Revenir » a prodigué des conseils aux apprenants ayant pris part à la formation.

Le thème de cette 14e édition est « justice, levez-vous ». Dans quel camp se trouve David Fedele: justicier ou un oppresseur ?

waouh! Personne ne m’a jamais posé cette question. Quand j’étais un enfant, mes parents m’ont toujours dit d’être respectueux envers les gens et de toujours respecter les droits des uns et des autres. Et lorsque tu vois ce qui est mal, essaie de faire quelque chose pour corriger la situation. Quand tu verras des gens en difficulté, ton devoir est de les aider. C’est une merveilleuse question car, je ne sais si c’est mon enfance qui a influencé ma vie d’adulte. Merci pour cette question.

Étant plus jeune, aviez-vous rêvé d’être réalisateur ?

Pas vraiment. J’ai étudié quelque chose de vraiment différent dans ma vie. Durant 15 ans j’ai travaillé dans le bâtiment. Cependant, j’ai toujours aimé l’idée des films d’aventures et quand vous allez quelque part dans un univers tout nouveau, vous vivez des aventures que vous mettez sur film, et ça, c’était ma première idée du film.

Quand j’ai commencé à voyager, j’ai vu beaucoup de choses de révoltants : beaucoup de droits humains bafoués, des problèmes liés à des questions d’environnement telle que la pollution et là j’ai réalisé que je pouvais utiliser mes voyages et le film pour défendre les droits humains. Mais enfant je n’avais jamais imaginé être réalisateur.

En considérant votre parcourt, quels conseils donnerez-vous à un jeune qui voudrais suivre vos pas ?

Aux jeunes, je dirai qu’il est plus facile pour eux aujourd’hui que ça l’a été pour moi. Parce que vous avez de nos jours le matériel à votre disposition (téléphone et autres outils). Et il est possible aujourd’hui de télécharger les tutoriels gratuits sur YouTube. Vous avez également des plates-formes où publier vos films gratuitement. Mon conseil serait de commencer avec les petits films, ne pas débuter par des grands films, exercez-vous avec vos amis ou votre famille sur des petits films enfin d’acquérir de l’expérience sur comment filmer, comment construire l’histoire ou comment monter. Et soyez assez courageux pour rendre public ces films. Et recommencer le processus autant de fois que possible. Après cela, c’est sûr que vous serez bon réalisateur. Un autre conseil est d’apprendre sur YouTube en lisant en retardant autant que possible des tutoriels. C’est comme ça que je me suis formé. Quand je ne connais pas quelque chose je vais sur le net et je m’auto forme. Avant de réaliser un film était coûteux il fallait avoir beaucoup d’argent. Mais de nos jours c’est accessible pour tout le monde. Mon conseil est que ton premier film soit court et les personnages doivent être ceux qui t’entourent (famille, ami, animaux), etc. Et petit à petit tu vas développer des aptitudes sur comment faire un bon film.

Tout le monde peut-il réaliser un film ?

C’est une très bonne question. Je pense que tout le monde peut faire un film mais tout le monde ne peut pas faire un bon film. Et je pense que pour faire un bon film, on a besoin de côtoyer la vie et de la comprendre. On doit être attentif sur l’environnement qui nous entoure et être curieux. Beaucoup observer, être attentif quand on est dans la rue, au marché, en salle de sport, bref partout. Ceci nous permet de découvrir le monde autour de nous. De cette façon, vous seriez à mesure de mettre vos propres expériences dans votre film. Il faut pouvoir développer votre propre point de vue du monde et essayer de l’exprimer. N’essayez pas juste de travailler avec votre imagination, ayez un esprit ouvert en suivant ce que font les autres. Pour commencer, débutez avec les documentaires car, vous n’aurez pas besoin de dépenser de L’argent. C’est l’un des meilleurs moyens d’atteindre vos objectifs même avec les petits outils que vous avez. Soyez curieux vis à vis de la vie et intéressez-vous beaucoup à la vie. Tout le monde peut être capable de faire un film. Si votre motivation c’est l’argent faites autre choses que les documentaires c’est mon avis. Il peut arriver que vous gagniez beaucoup d’argent en faisant des documentaires mais ça ne soit pas être votre stimulus.

Quels sont les sentiments qui vous animent après ce master class ?

Je me sens très bien. En général j’ai pour habitude de me retrouver dans un contexte où je discute avec un public européen lors des festivals européens. C’est différent de venir en Afrique et d’échanger avec les cinéastes africains. J’ai vu la passion et l’intérêt qu’ont les gens de raconter leurs propres histoires. Ce n’est plus à moi ou du moins des personnes comme moi de venir les raconter leur histoire à leur place. Car ils peuvent le faire. Il y a une grande différence entre ce public et le public européen, ce que j’ai beaucoup aimé. Les gens lors du master class voulaient vraiment échanger, ils argumentaient, on voyait beaucoup d’intérêt pour la chose et c’était super fantastique. Je pense qu’ici je vais plus apprendre qu’enseigner.

Que pense-vous du festival Ciné Droit Libre ?

C’est un grand festival. C’est la première fois qu’on m’invite à un festival en Afrique et j’étais ravi de venir au Burkina Faso. Ils sont vraiment hospitaliers.

Valérie Flore Ada Penee