Bouba ou le cri du sang innocent
Depuis quelques mois, la Côte d’Ivoire est secouée par une folie meurtrière. Il ne se passe pas un jour sans qu’on n’entende parler d’un cas de disparition d’enfants ou de corps mutilés qu’on retrouve dans la broussaille. Le dernier cas (le meurtre de BOUBA) à fait couler beaucoup d’encre et suscité le ras le bol des populations…
Le crime de trop
Jusque-là la population subissait avec effroi les nombreux cas de vols d’enfants dans les hôpitaux, les corps sans vie retrouvés çà et là à travers le pays, des corps souvent mutilés et vidés de leur sang. Le peuple était muet comme une carpe jusqu’à la disparition du petit BOUBA. C’est le nom du petit garçon qui a été enlevé, puis tué par son voisin. Le motif de l’assassin est qu’il devait commettre ce crime pour satisfaire à un rituel qui devait le rendre riche. Il n’en fallait pas plus pour susciter un mouvement mené par des internautes. La toile a vite fait d’attirer l’attention, dénoncer ces crimes crapuleux puis organiser une marche silencieuse à l’honneur de cet enfant enlevé trop tôt à l’affection de ses parents.
Ras le bol
Ce mouvement de protestation à la mémoire de BOUBA est en réalité un mouvement pour dénoncer l’insécurité ambiante qui règne sur la vie des populations ivoiriennes. Un mouvement qui interpelle les autorités qui semblent avoir démissionné. L’assassin de BOUBA a certes été pris mais les assassins des autres enfants courent toujours les rues et le silence des autorités va susciter d’autres disciples de Jack l’éventreur. Les gerbes de fleurs déposées sur le lieu où BOUBA a été enterré témoigne de l’exaspération de la population ivoirienne.
Les autorités ont été obligées de suivre le mouvement de compassion de la population à la famille de BOUBA, en témoigne le défilé de toutes les obédiences politiques chez les parents de BOUBA. Cet enfant devient ainsi le visage d’un autre type de crime. Que devons-nous faire pour endiguer ce problème ? Pour trouver une solution à ces crimes, il faut d’abord créer une loi spéciale pour punir les auteurs de ces crimes qui écopent souvent moins qu’il ne faut et c’est bien dommage. Des internautes proposent même de créer une application qui sera dénommée SOS BOUBA pour signaler les cas de disparitions d’enfants. Une sorte d’alerte qui permet à tous les utilisateurs de l’application de connaître l’identité de l’enfant perdu.
Le cri du sang innocent
BOUBA est certes mort, mais sa mort a permis de faire bouger les lignes. Sa famille a reçu les plus hautes autorités de ce pays, des promesses ont été faîtes pour que BOUBA soit le dernier à mourir de cette façon. Et chaque minute qui passe compte dans ce combat. Des enfants continuent d’être enlevés, séquestrés pour des sacrifices rituels. Alors que j’écrivais cet article, l’on m’apprend la découverte du corps d’une jeune élève en classe de 5ème dans la ville de Mbahiakro dans le centre de la Côte d’Ivoire, égorgée et vidée de son sang.
Idem dans le nord de la Côte d’Ivoire précisément à Dikodougou où un oncle a tué puis vidé le sang de son neveu Vazoumana en classe de CE2 pour devenir riche. L’assassin (l’oncle) a aussi pris le soin d’enlever les parties génitales de son neveu. Pitoyable. Je dis bien chaque minute compte dans ce combat.
Article initialement publié sur le blog de Jean Paul Soro