L’incivisme : Ce mal qui ronge les ivoiriens
Il arrive très souvent qu’un ministre de la République Ivoirienne coincé face à la presse pointe un doigt accusateur sur l’incivisme des populations. Qu’à cela ne tienne. N’est-il pas temps de situer les responsabilités ?
Le bouc émissaire
L’incivisme est le nouveau bouc émissaire des ministres de la république. A les entendre on a juste l’impression que l’incivisme des populations est le principal adversaire des actions du gouvernement. Toutes les décisions prises au sommet sont confrontées à un refus des populations d’obéir. Dans nos contrées africaines un proverbe illustre très bien ce qui se passe dans nos pays « le poisson pourrit toujours par la tête ». En d’autres mots, s’il y a incivisme c’est depuis le sommet de l’État. Que font nos autorités pour faire respecter nos lois. Rien. Bien au contraire, ils contournent les lois en acceptant les pots de vins, les dessous de table, le droit de cuissage que dis-je le copinage.
Tout cela pris ensemble crée ce grand désordre qui règne dans les villes ivoiriennes. Pour qu’on soit au même niveau de compréhension, je vais relever des scandales qui justifient l’incivisme de nos autorités. Dernièrement, l’on apprend par les réseaux sociaux que près de 10 000 véhicules seraient sortis du GUA (Guichet Unique d’Abidjan) sans dédouanement selon un communiqué de la Direction générale des Douanes. Comment une telle chose a pu arriver ? Je vous laisse imaginer votre réponse.
Je ne vous parle pas de loi qui interdit de conduire le téléphone au volant sous peine d’amende de 10 000 FCFA. Laissez-moi vous dire que personne ne la respecte. Il y a aussi celle qui interdit de fumer en public. Eh bien. Personne ne la respecte. Je pourrai citer encore un chapelet de mesures prises sans effet coercitif. Pour se justifier le gouvernement parle d’incivisme des populations plutôt que de reconnaître l’inefficacité de la politique du gouvernement.
Incivisme ou refus d’obéir
« Quand on parle au chien, il faut aussi parler à l’os ». En Côte d’Ivoire, il y a une chose dont je suis sûre, c’est qu’on ne respecte rien. Nous avons cette fâcheuse habitude de ne rien prendre au sérieux. On s’en fout royalement des interdictions et autres règlements. Tu dis à un Ivoirien par exemple qu’on ne jette pas les ordures ici. Il viendra jeter les ordures à l’endroit même où on lui a interdit de le faire sous prétexte qu’ils n’ont pas le choix. L’Ivoirien n’hésite pas à voler les bouches d’égouts qui sont en fer pour fabriquer des fourneaux, il enlève nuitamment les infrastructures en fer pour son usage personnel, il construit sa maison sur les caniveaux et les sorties d’eau au détriment de tout son entourage. L’Ivoirien s’en fout royalement des lois qui sont prises en amont pour son confort. Il te servira cette phrase si on l’interpelle sur son attitude : « Loi qu’ils ont votée est-ce qu’eux-mêmes la respecte ? ». Tout ceci explique l’attitude des populations. Comme quoi quand le bonheur doit venir, il touche d’abord ceux qui sont débout avant d’atteindre ceux qui sont assis. Il en est de même pour la société ivoirienne. Les gens d’en haut doivent donner l’exemple et le peuple suivra.
L’Ivoirien est une personne qui a besoin d’un président comme Rawling qui a d’ailleurs remis le peuple ghanéen sur les rails ou peut-être d’un Paul Kagame. Ces deux présidents sont cités en exemple par tous et toutes dans les bistrots et « grins ». On peut parfois entendre dire « Le général Guéi aurait pu mettre les Ivoiriens au pas comme Rawling l’a fait au Ghana ou Sankara au Burkina Faso ». Je crois que la population a besoin d’un dirigeant charismatique qui fait appliquer les mesures qu’il prend pour ranger la société.
Article initialement publié sur le blog de Jean Paul Soro